Moins de discours, plus d’engagement : massifions enfin le réemploi des matériaux

Publié par Construction21, le 25 mars 2025

Le constat de l’impact considérable du secteur de la construction et du bâtiment sur la production de déchets et les émissions de gaz à effet de serre n’est plus à faire : 46 millions de tonnes de déchets par an et environ 37 % des émissions annuelles de CO2. Un fardeau que ni notre planète ni notre société ne peuvent supporter dans la durée. Alors que 2025 a démarré avec une succession de régressions et de menaces pour notre climat, il est essentiel de maintenir des ambitions fortes pour réduire l’impact carbone de ce secteur et accélérer la transition écologique.

Face à ce défi, le réemploi des matériaux apparaît comme LA solution la plus efficace pour réduire l’empreinte carbone des projets immobiliers. Depuis plusieurs année, les filières se sont préparées, mobilisées, structurées pour accompagner les acteurs de la chaîne, fournir des matériaux en quantité et lever le frein persistant que constitue la garantie. 

Pourtant, malgré une évolution réglementaire plutôt favorable depuis cinq ans, le changement d’échelle peine à se concrétiser. Si de nombreuses expérimentations ont été menées, nous sommes encore loin d’une généralisation du réemploi et d’une industrialisation des filières. Si son acceptabilité a fortement progressé, est-il aujourd’hui désirable et recherché ? Et si ce n’est pas le cas, pour quelles raisons ? Comment sortir du cas particulier qui freine la dynamique d’industrialisation du réemploi ?

Ce dossier propose un bilan sur l’intégration du réemploi dans les pratiques du bâtiment, en mettant en lumière les avancées et les dynamiques positives de transformation du secteur : professionnalisation des acteurs, structuration des filières, maîtrise du risque, leviers réglementaires, amélioration des calculs d’impact… A travers de nombreux retours d’expérience, nous souhaitons illustrer la diversité des solutions disponibles (outils, filières, procédés) et partager les bonnes pratiques facilitant la mise en œuvre du réemploi.

Pour faire du réemploi une norme, de nombreux efforts restent à fournir. Beaucoup de contributions soulignent l’importance de l’implication de l’ensemble des acteurs pour assurer la réussite de cette démarche. Les modèles économiques des professionnels du réemploi demeurent fragiles, et seule une massification permettra de réduire les coûts et d’accroître son attractivité économique. Les donneurs d’ordre ont également un rôle clé à jouer dans les années à venir en définissant des stratégies d’économie circulaire ambitieuses, en intégrant systématiquement le réemploi dans leurs projets et en adaptant leurs processus pour en faciliter l’adoption. Enfin, si l’évolution réglementaire va plutôt dans le sens du réemploi, les années à venir seront charnières pour instaurer un meilleur partage des risques et une responsabilité plus équilibrée entre les acteurs de la chaîne. Cette dynamique encouragera les entreprises de travaux à surmonter leurs réticences face aux potentiels aléas du réemploi et à s’engager en toute confiance dans cette pratique éprouvée. 

Bien que le réemploi des matériaux ait toujours existé de manière informelle, son développement, sa professionnalisation et son industrialisation répondent aujourd’hui à plusieurs enjeux stratégiques : réduction de l’impact carbone et des déchets, optimisation des ressources, création d’emplois locaux à fort impact social.

Dans un contexte économique complexe, en particulier pour notre secteur du bâtiment, nous espérons que ce dossier apportera des nouvelles perspectives sur la désirabilité du réemploi et renforcera les convictions et l’engagement des donneurs d’ordre en faveur de sa généralisation. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont contribué à cet ouvrage.

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